Voyage au pays des besoins

Quand on parle de quelque chose, il faut d’abord le plus clairement possible définir de quoi on parle, sinon trop de confusion se fait jour, rendant le discours de plus en plus brouillon et incompréhensible. « De quoi s’agit-il » était la première injonction de notre brillant prof de math au départ de la résolution de tout problème. Alors en parlant du «besoin », voici ce dont il s’agit, en ce qui me concerne :

« Le besoin est une réaction du corps et de l’esprit pour tenter de combler la prise de conscience d’un manque »

C’est de la naissance d’un besoin que va se libérer l’énergie nécessaire à déclencher le mouvement vers sa satisfaction.

On retrouve ainsi la naissance de la motivation :

« l’énergie qui nous fait bouger vers un but avec plaisir ». Le but est donc de combler un besoin qui s’est concrétisé. Le plaisir naît du mouvement vers le but qui cherche à combler notre besoin. »

Bien évidemment, dû à la complexité de notre être et de notre cerveau, nous sommes tous confrontés à de multiples besoins. Nous avons évoqué dans les articles précédents, les tentatives pour les identifier et essayer de les classer et de les hiérarchiser. (Maslow, les 14 besoins de Henderson, les 3 de Alderfer et bien d’autres…)

La motivation étant le moteur qui s’active pour répondre à un besoin et  vu qu’il y a de multiples besoins donc de multiples sources de motivation, il apparaît comme essentiel de pouvoir les identifier et les hiérarchiser.

C’est un exercice de conscientisation que nous ne faisons que très rarement, si pas jamais. Nous agissons vers des buts dont nous n’avons pas conscientisé les besoins profonds auquel ils répondent. De là naissent parfois des surprises désagréables : parfois nous prenons conscience assez tard que nous nous dirigeons vers un but qui ne correspond pas vraiment à un besoin personnel fondamental. Nous sommes ainsi parfaitement capables de faire du besoin des autres ou de quelqu’un d’autre, notre responsable par exemple, un besoin qui ne nous correspond pas et qui par conséquent, nous fait bouger sans plaisir, sans motivation. La suite est malheureusement classique : désenchantement, fatigue, désintérêts progressif, mal-être, dépression, burn-out.

Reprendre possession de nos véritables besoins est donc une priorité, surtout dans ce monde complexe où tout va vite et où le temps ne nous permet pas souvent de faire le point avec nous même, c’est-à-dire de reprendre possession de nos besoins à nous.

L’identification de nos besoins personnels et la différenciation des besoins des autres (notre responsable, notre famille, nos enfants, nos amis, nos relations…) est donc une démarche non seulement utile mais de plus en plus essentielle, si nous voulons prendre notre vie en main sans nous laisser ballotter au gré des besoins d’autrui.

Faire l’inventaire de nos besoins est pourtant une démarche à laquelle nous ne sommes pas habitués et c’est une démarche difficile. Nous exprimons assez facilement nos besoins immédiats: j’ai besoin de vacances, j’ai besoin de dormir, j’ai besoin de le (la) rencontrer etc. Par contre, en ce qui concerne nos besoins fondamentaux sur un terme plus long, ceux qui sont logés au plus profond de nous même, qui nécessitent de prendre le temps d’une introspection pour découvrir ce qui forme la base de notre être est une pratique pratiquement inexistante. Combien, pourtant, cette pratique pourrait être riche et utile dans notre vie personnelle et professionnelle si nous nous y attachions régulièrement sans devoir attendre que tout aille mal pour s’y atteler (souvent alors avec l’aide d’un psy).

Contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier abord, les besoins des personnes sont vraiment fortement différenciés. On pourrait presque dire que la combinaison des besoins de chaque personne sur terre est un différentiel aussi spécifique que l’est l’empreinte digitale. Le « voyage au pays de mes besoins » est à la fois un voyage d’étude et d’agrément qui nécessite de prendre le temps de l’accomplir. Rien que sur le plan professionnel, la description des paysages des besoins est déjà très vaste. Par exemple, on pourra distinguer des besoins suivants :

  • autonomie avec des corollaires au niveau de responsabilités, gestion des horaires, variété des tâches, travail déporté, recherche d’indépendance…
  • évolution vers de nouveaux challenge, recherche de promotion,
  • changement avec des jobs variés, des fonctions mobiles, des déplacements fréquents,
  • contacts avec les collègues, le pouvoir, les clients ou surtout pas de contact,
  • environnement avec recherche de confort, bruit, calme, ou animé, lumière vive ou tamisée
  • sociabilité avec la recherche de valeurs, de la relation à l’autre…
  • stabilité avec la sécurité d’emploi, la structuration forte des tâches, horaire fixe ou moins de stabilité et recherche d’aventure…
  • Responsable impliqué avec leadership affirmé, structuré, présent ou à l’écoute, démocratique ou…
  • reconnaissance des collègues, des clients, des équipes ou pas et besoins de résultats.
  • etc.

Faire le même voyage pour chaque cas (besoins personnels, familiaux, culturels, de détente, relationnels, …) complétera notre album de paysage des besoins rencontré.

Ce voyage au pays des besoins est fait de lenteur, d’introspection qui succède à l’action et ainsi de suite.
Prendre un carnet, et chaque fois s’arrêter et noter. Marcher, rêver, travailler, méditer et noter et noter encore et aussi raturer, pour supprimer la pollution des besoins des autres. C’est une tâche qui fonctionne nuit et jour, en arrière plan. Quand on lit, quand on discute avec les amis, quand on est au bout de notre patience avec les enfants…ou avec notre patron.

Arriver à dessiner la carte de nos besoins, à voir dans le prochain article.

Pour terminer avec un sourire:

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